Le marché automobile électrique européen en 2024 : un bilan contrasté, et quelques surprises.
L’année 2024 a marqué une période de transition pour le marché automobile européen, avec une croissance modeste de 0,9% par rapport à l’année précédente. Les chiffres compilés par le cabinet Jato Dynamics, englobant l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège, révèlent que 12 909 741 véhicules particuliers ont été immatriculés sur le continent.
Seules les hybrides progressent
Dans ce paysage en mutation, plusieurs tendances majeures se dessinent. L’hybridation continue sa progression avec une hausse remarquable de 21%, tandis que les constructeurs chinois franchissent un cap symbolique en dépassant leurs homologues japonais en termes d’immatriculations. Le phénomène SUV poursuit son ascension, représentant désormais 54% des nouvelles immatriculations. La Dacia Sandero s’est hissée en tête des ventes globales, suivie de près par le Tesla Model Y.
Le segment électrique connaît toutefois quelques turbulences avec une baisse de 1,2% des ventes, totalisant 1 985 996 unités en 2024. La part de marché des véhicules 100% électriques s’est légèrement contractée, passant de 15,7% en 2023 à 15,4% en 2024, bien que les perspectives pour 2025 semblent plus optimistes.
Une légère baisse des immatriculations d’électriques, Tesla toujours premier
Tesla maintient sa position dominante sur le marché européen des véhicules électriques. Le Model Y conserve sa première place avec 209 214 unités vendues, malgré un recul de 17%. La Model 3 confirme le succès de la marque américaine en seconde position avec 112 789 immatriculations, affichant une progression de 12%. Le podium est complété par le Volvo EX30, qui a séduit 78 032 acheteurs.
Le reste du top 10 est dominé par les constructeurs européens : le Skoda Enyaq (68 874 unités), suivi des Volkswagen ID.4 (64 756) et ID.3 (54 531). BMW place son iX1 en septième position (52 283), tandis que le constructeur chinois MG fait une percée remarquée avec son MG4 (51 775). L’Audi Q4 (48 094) et la BMW i4 (45 062) complètent ce classement.
Les français à la peine
Les constructeurs français peinent à s’imposer dans ce segment. La Peugeot e-208 se classe en 15e position avec 35 459 unités, tandis que la Renault Mégane E-Tech occupe la 18e place (31 445 unités). L’absence notable de certains modèles comme la Hyundai Ioniq 5 ou le nouveau Renault Scénic E-Tech (24 100 unités) interpelle. De même, le Peugeot e-3008, malgré ses « 100 000 commandes » annoncées, révèle un bilan plus nuancé une fois les différentes motorisations distinguées.
Dans le segment des hybrides rechargeables, la domination européenne se confirme avec le Volvo XC60 en tête, suivi par une forte présence de BMW (X1, Série 3, X5, Série 5) et Mercedes (GLC, Classe E, GLA, Classe C). Les constructeurs français brillent par leur absence dans ce top 20, tout comme les marques chinoises qui, malgré leur progression globale, ne parviennent pas encore à s’imposer dans ce segment spécifique.
Felipe Munoz, analyste chez Jato Dynamics, porte un regard lucide sur cette situation : « Si on prend en compte l’ensemble des défis auxquels est confrontée l’industrie automobile européenne, les résultats de 2024 ne sont pas si négatifs. Cependant, il est désormais difficile de croire que le secteur pourra retrouver son niveau d’avant la pandémie. Avec l’essor du télé-travail et l’inflation globale, les Européens achètent moins de voitures neuves. »
Ces tendances reflètent les profonds changements que traverse l’industrie automobile européenne, entre transition énergétique, nouvelles habitudes de consommation et concurrence internationale accrue.
