Ventes en chute libre, polémiques incessantes, Elon Musk en roue libre… Tesla ne semble pas au mieux de sa forme depuis quelques mois. Mais quelles sont les raisons réelles de cette situation ? Voici notre analyse en faits et chiffres.
Et cette fois le mal semble profond, et sérieux. Car les difficultés de Tesla ne sont plus uniquement d’ordre économique ou industriel, mais aussi d’ordre politique, voire géo-politique.
Alors, quelles sont les vraies raisons de ce malaise ? Dans cette vidéo de ma chaîne YouTube, je vous explique en 5 points les raisons pour lesquelles Tesla pourrait connaître des lendemains assez difficiles.
Tesla traverse une période compliquée avec une baisse marquée de ses ventes. En 2024, l’entreprise a livré 1,79 million de véhicules, soit une baisse de 1,1 % par rapport aux 1,81 million de 2023. Cette tendance s’est aggravée début 2025, avec une chute de 7,8 % en janvier, alors que le marché global des voitures électriques progressait de 24 %.
En Europe, la situation est encore plus préoccupante. Sur les deux premiers mois de 2025, les ventes ont chuté de 49 % selon l’ACEA. En janvier, Tesla a enregistré une baisse de 60 % en Allemagne, 63 % en France, 42 % aux Pays-Bas et 75 % en Espagne. Cette dégringolade est d’autant plus marquante que le marché européen des véhicules électriques affiche une croissance de 30 % sur la même période.
L’échec du Cybertruck n’aide pas non plus Tesla. Ce modèle, censé révolutionner le segment des pick-up, peine à convaincre, même aux États-Unis.
Une valorisation boursière en chute libre
Le cours de l’action Tesla a lui aussi fortement reculé. Après un pic à 488 dollars en décembre 2024, il est retombé à environ 263 dollars, soit une baisse de plus de 30 %. La valorisation de l’entreprise, bien qu’encore conséquente à 825 milliards de dollars, a été presque divisée par deux en un an.
Une concurrence accrue
Tesla ne bénéficie plus du même avantage concurrentiel qu’auparavant. Les constructeurs chinois, notamment BYD, connaissent une ascension fulgurante. BYD a vu ses ventes internationales bondir de 71,9 % en 2024, avec un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars, dépassant largement celui de Tesla (77 milliards). De plus, d’autres marques chinoises comme Xpeng, MG, Zeekr et Leapmotor gagnent du terrain en Europe malgré les taxes douanières.
En parallèle, la réduction des subventions pour les voitures électriques en Europe affecte les ventes de toutes les marques, mais Tesla semble particulièrement impactée.
Une stratégie produit contestée
Tesla tarde à lancer un modèle abordable autour de 25 000 euros, un segment pourtant très demandé. À la place, l’entreprise mise sur des concepts futuristes comme le Robotaxi, un véhicule autonome sans volant ni pédales, qui ne suscite pas un enthousiasme massif. Beaucoup estiment que Tesla devrait plutôt accélérer sur un modèle plus accessible, baptisé par certains Model 2 ou Model Q.
Le poids d’Elon Musk
Si Tesla souffre économiquement et stratégiquement, elle subit aussi une crise d’image directement liée à Elon Musk. Ses prises de position politiques, son soutien affiché à Donald Trump et son engagement dans des polémiques diverses ont provoqué une vague de rejet, notamment en Europe. Des protestations et des actes de vandalisme contre les véhicules Tesla se multiplient, ce qui pourrait impacter la demande et la revente des modèles d’occasion.
Musk semble peu préoccupé par cette situation et continue de poster des messages polémiques sur X. Une attitude qui alimente la défiance envers Tesla et remet en question la pérennité de la marque sous sa direction.
Tesla peut-elle rebondir ?
Malgré ces difficultés, Tesla conserve des atouts. Son mode de production et de livraison, basé sur des pics trimestriels, pourrait expliquer une partie de la baisse des immatriculations en début d’année. Le lancement du nouveau Model Y, baptisé Juniper, pourrait aussi relancer les ventes.
Par ailleurs, la situation varie selon les marchés. Au Royaume-Uni, Tesla a enregistré une hausse de 21 % en février 2025, preuve que la marque conserve une attractivité dans certains pays.
L’hypothèse d’un rachat de Tesla par un autre constructeur ou un fonds d’investissement reste peu probable en raison de sa valorisation encore élevée. La clé de l’avenir de Tesla pourrait résider dans un changement de direction et le lancement d’un modèle plus abordable. Reste à savoir si Elon Musk acceptera de revoir sa stratégie et, potentiellement, de céder sa place à un dirigeant moins clivant.
Si Tesla a largement contribué à démocratiser la voiture électrique, l’entreprise se retrouve aujourd’hui confrontée à une concurrence accrue et à une image ternie. Reste à voir si elle saura se réinventer à temps.