Alors que Lucid Motors s’est imposé avec des véhicules électriques à l’autonomie record (837 km pour la Lucid Air), son PDG Peter Rawlinson défend aujourd’hui une vision surprenante : des VE avec un rayon d’action plus faible.
Comme le rapportent nos confrères de InsideEVs dans une interview, selon lui, des modèles à 289 km d’autonomie (180 miles) pourraient dominer le marché d’ici 2030, à condition que l’infrastructure de charge suive. Une position paradoxale pour une marque premium, mais assumée comme une évolution logique.
Moins de batterie, plus d’accessibilité
En fait, Peter Rawlinson mise sur des batteries plus compactes (30 kWh) et moins chères, notamment grâce aux cellules LFP (Lithium Fer Phosphate), dont le coût aurait chuté à 2000 dollars, contre 20 000 aujourd’hui.
« Un véhicule familial avec 320 km d’autonomie sera largement suffisant pour le quotidien, surtout en ville », explique-t-il. Un argument appuyé par les statistiques américaines : 64 km parcourus en moyenne par jour.
L’infrastructure, clé du changement
Pour Rawlinson, l’obsession des chargeurs rapides (DC) est une impasse. Il prône plutôt le déploiement massif de bornes AC (niveau 2), moins coûteuses et adaptées aux lieux de stationnement prolongé (bureaux, logements collectifs). « La recharge nocturne ou diurne, pendant les heures de travail, doit devenir la norme », insiste-t-il.
Cette transition nécessiterait un réseau dense et fiable – un défi majeur, alors que les « déserts de charge » persistent dans de nombreuses régions.
Mais Lucid ne lâche pas le haut de gamme
Malgré cette orientation, la marque californienne continuera de proposer des modèles longue autonomie, comme le SUV Gravity (724 km). « Certains clients paieront toujours pour ne jamais s’arrêter », concède Rawlinson. Une stratégie duale : séduire à la fois les early adopters aisés et le grand public, avec des technologies développées sur ses flagships.
Si l’idée semble contre-intuitive en 2024 (où moins de 480 km est souvent perçu comme un handicap), elle rejoint les analyses prédisant un « peak battery » – un plafonnement de la course à l’autonomie, au profit de VE plus légers et moins chers.
Reste à convaincre les conducteurs habitués au « toujours plus ». Et à régler la quadrature du cercle : comment déployer des millions de bornes AC sans alourdir la facture énergétique ?
En attendant, Lucid garde un pied dans chaque camp : pionnier de l’ultra-autonomie hier, chantre de la sobriété demain.
Et vous : opteriez-vous pour un VE à 289 km d’autonomie si les bornes étaient partout ?