Le rétrofit à l’envers… Alors que de nombreux constructeurs revoient leur stratégie électrique en raison d’un ralentissement perçu du marché, une nouvelle entreprise ambitionne d’introduire un concept pour le moins inattendu : installer un moteur thermique sur des voitures électriques existantes. Son nom : Horse Powertrain.
Une alliance Renault-Geely-Aramco derrière ce projet
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, Horse Powertrain n’est pas une jeune pousse isolée. Il s’agit d’une coentreprise entre Renault, Geely et Aramco, avec un ancrage industriel solide. L’entreprise dispose de 17 usines et de 5 centres de R&D répartis sur trois continents. Elle présentera son concept baptisé « Future Hybrid » au salon Auto Shanghai, prévu du 23 avril au 2 mai 2025.
Un système hybride adaptable sur plateforme électrique
Le concept développé par Horse Powertrain repose sur une motorisation hybride complète qui peut être installée en lieu et place du groupe motopropulseur d’une voiture électrique à traction avant. Le moteur thermique et la transmission s’intègrent directement dans le berceau moteur, avec des modifications limitées de l’architecture électrique existante. Il faut néanmoins ajouter quelques éléments comme un réservoir de carburant et un système d’échappement. Ce système peut fonctionner comme un prolongateur d’autonomie pour la batterie principale ou comme un groupe motopropulseur indépendant, entraînant les roues avant, ou bien venir compléter un essieu arrière électrique pour une transmission intégrale.
Une stratégie de diversification technologique
Selon Matias Giannini, PDG de Horse Powertrain, l’objectif est de proposer une alternative crédible à l’électrique pur, dans un contexte où les marchés adoptent des trajectoires de décarbonation variées. L’entreprise se positionne comme une réponse aux attentes des constructeurs qui souhaitent maintenir une certaine flexibilité industrielle, notamment en produisant sur une même ligne des modèles électriques et hybrides. L’installation de ce système hybride est prévue à partir de 2028 sur les véhicules de série. Certains modèles, comme le Hyundai Ioniq 5 ou la Porsche Taycan, pourraient même être adaptés, bien que l’intérêt de greffer une motorisation thermique à une voiture électrique haut de gamme reste discutable.
Des ambitions mondiales et multi-secteurs
Horse Powertrain se destine à fournir des solutions de motorisation à de nombreux constructeurs, parmi lesquels Renault, Geely, Volvo, Nissan, Mitsubishi ou encore Proton. L’entreprise met en avant sa capacité à répondre à la diversité des besoins en matière de propulsion, y compris les carburants alternatifs comme le méthanol, l’éthanol ou l’hydrogène.
L’objectif annoncé est de couvrir 80 % du marché mondial des groupes motopropulseurs hybrides et thermiques. Renault et Geely misent sur un effet d’échelle immédiat et un accès élargi aux marchés internationaux, notamment grâce au transfert de propriété intellectuelle et à l’expérience industrielle cumulée des deux groupes.
L’hybride s’invite aussi dans le nautisme
L’offre de Horse Powertrain dépasse le secteur automobile. En partenariat avec la société brésilienne Hybdor, elle développe un moteur hybride rechargeable destiné aux bateaux de plaisance de 8 à 12 mètres. Le modèle Duotech 200E associe un moteur thermique 1,3 litre Turbo Flex Fuel à un moteur électrique, avec une puissance combinée de 197 chevaux (145 kW) et un couple maximal de 310 Nm. Il est capable de fonctionner à l’éthanol pur ou en mode électrique seul, avec une recharge complète en 90 minutes via une prise secteur.
Ce moteur marin, produit à Curitiba au Brésil, illustre l’approche multi-usage de Horse Powertrain. L’entreprise se veut capable de répondre à des besoins variés en matière de propulsion, sur route comme sur mer, et quel que soit le type de carburant disponible.