Voitures électriques : pourquoi cet avantage pourrait devenir un vrai problème

Les voitures électriques, souvent célébrées pour leur silence et leur respect de l’environnement, pourraient-elles devenir un danger pour les piétons ?

Une récente étude menée par la London School of Hygiene & Tropical Medicine soulève une question dérangeante : les véhicules électriques et hybrides sont impliqués dans deux fois plus de collisions avec des piétons que les voitures thermiques. Ce constat met en lumière un paradoxe inattendu : le silence, autrefois perçu comme un avantage, pourrait poser problème.

Une dépendance croissante à l’ouïe dans les environnements urbains

Selon l’étude, les piétons semblent de plus en plus compter sur leur ouïe pour détecter l’approche des véhicules, au détriment de leur vue. Or, les voitures électriques, particulièrement silencieuses à basse vitesse, deviennent moins perceptibles. Cette tendance est amplifiée par l’usage généralisé de casques ou d’écouteurs, qui isolent les piétons des bruits ambiants. Cette « surdité urbaine », volontaire ou involontaire, expose davantage les piétons à des risques dans des situations où une simple vigilance visuelle aurait suffi.

Pour tenter de pallier ce problème, une réglementation impose depuis 2019 aux voitures électriques et hybrides un système sonore appelé AVAS (Acoustic Vehicle Alerting System). Ce dispositif émet un bruit artificiel à faible vitesse pour alerter les piétons. Cependant, son efficacité reste limitée : les collisions impliquant des voitures électriques se produisent souvent malgré l’activation de ce système.

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Silence contre cacophonie : un dilemme sonore

Historiquement, les constructeurs ont cherché à rendre les voitures toujours plus silencieuses pour réduire la pollution sonore en ville. Mais avec l’AVAS, le silence des électriques est remplacé par un bourdonnement artificiel, contribuant à la cacophonie urbaine. Et pourtant, ce bruit supplémentaire semble parfois inutile : les moteurs thermiques modernes, eux aussi très silencieux à basse vitesse, ne suscitent pas le même débat.

La question se pose donc : pourquoi blâmer le silence des véhicules électriques quand l’inattention des usagers urbains est tout aussi problématique ? Le silence des VE pourrait-il devenir un faux coupable d’un mal plus profond : le manque de vigilance et de cohabitation respectueuse dans nos espaces urbains ?

Vers une meilleure éducation des usagers

Face à ce paradoxe, des solutions émergent. Rappeler les bases de la sécurité routière, comme utiliser ses yeux avant ses oreilles, semble crucial. Sensibiliser les conducteurs de VE à adapter leur conduite en ville est aussi une piste à explorer. Mais le défi reste culturel : la sécurité dépend avant tout de comportements responsables, tant chez les piétons que chez les automobilistes.

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En somme, le véritable problème n’est pas le silence des voitures électriques, mais notre manque d’adaptation collective à cette nouvelle réalité sonore.

Auteur/autrice

  • Eric Dupin

    Je suis journaliste, consultant et conférencier sur la voiture électrique et l'électromobilité, et auteur du livre "La voiture électrique ? Ça ne marchera jamais !" J'adore tout ce qui roule, avec une préférence marquée pour le zéro émission.

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